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11 novembre 2019
L’app de réalité augmentée qui aide les vétérans à gérer leur anxiété
Trois ou quatre?fois par semaine, lorsqu’il en ressent le besoin, Steve Mills lance l’app Healium?AR sur son iPhone pour apaiser son esprit. Son endroit de prédilection?: un parc situé aux abords des eaux agitées du fleuve Mississippi à Memphis, au Tennessee.
??Parfois, je marche jusqu’à la rive et je m’assois sur un banc pour observer l’eau, confie M.?Mills en faisant un geste vers l’app ouverte sur son téléphone. Utiliser l’app me met dans un très bon état d’esprit.??
M.?Mills lance l’une des méditations guidées de l’app Healium?AR après avoir synchronisé son Apple?Watch, qui transmet sa fréquence cardiaque à l’app. à mesure que sa respiration s’approfondit, sa fréquence cardiaque ralentit. Devant lui, un système solaire s’illumine dans l’app grace à la réalité augmentée (RA). Combinant l’art narratif, la neuroscience et la conception de jeux, Healium?AR permet aux utilisateurs de créer des univers virtuels à partir de leurs émotions et d’atteindre ainsi un sentiment de calme.
???a s’accumule au fil du temps, mais on apprend à le gérer. J’ai plusieurs moyens pour y arriver. Healium?AR en fait partie.??
Dans ces moments, M.?Mills dit pouvoir calmer ses pensées et ma?triser ses souvenirs.
??Je n’ai pas peur des souvenirs, affirme ce commandant dans la marine américaine. Mais je dois être en mesure de les contr?ler.??
Steve?Mills cumule 29?ans de service militaire?– 10?ans comme pompier de l’armée de l’air et 19?ans à son poste actuel d’aum?nier dans la marine. Il a été déployé dans des régions comme l’Irak et l’Afghanistan, et a passé de longues périodes sur des porte-avions, où il agissait comme conseiller pour une véritable ville flottante composée de milliers de militaires. Il offre du soutien aux familles qui apprennent qu’un des leurs ne rentrera pas à la maison, ainsi qu’à des matelots qui continuent à livrer des batailles longtemps après avoir quitté la zone de guerre.
à son retour d’Irak en?2008, M.?Mills a rédigé un doctorat en théologie consacré au stress lié au combat. Il a mené des séances de thérapie auprès d’un groupe de vétérans de la marine pendant trois?mois, en se servant de versets bibliques comme outil de guérison. Pendant qu’il étudiait les moyens d’aider les autres à surmonter leurs traumatismes, il a commencé à souffrir de crises de panique.
à peu près à la même époque, dans une autre région du pays, la journaliste de télévision Sarah?Hill souffrait également d’anxiété. C’était le début d’une série d’événements qui allait la mener à développer Healium?AR.
La journaliste, native du Missouri, couvrait des événements violents et des tragédies à la cha?ne depuis près de 20?ans lorsqu’elle a commencé à vivre des crises de panique. ??Je suivais les services de police jour et nuit sur un récepteur radio, raconte Mme?Hill. Toute cette négativité a fini par me rendre malade.??
Elle a communiqué avec le Dr?Jeff?Tarrant, psychologue et ami de la famille qui explorait le domaine alors en émergence du ??neurofeedback??. Il lui a fait passer un électroencéphalogramme (EEG), un examen qui mesure l’activité électrique du cerveau à l’aide d’électrodes placées sur le crane. Le Dr?Tarrant s’est attardé sur le cortex cingulaire antérieur de Mme?Hill, soit la partie du cerveau responsable de la concentration et de l’attention, entre autres choses.
??En gros, l’anxiété est le résultat d’une pensée ou d’une émotion retenue trop longtemps et répétée sans cesse, explique le Dr?Tarrant. Le cortex cingulaire antérieur surchauffe, parce que les gens se concentrent intensément sur certaines pensées ou émotions et sont incapables de les laisser aller. Nous avons voulu voir s’il était possible de calmer cette agitation.??
Le Dr?Tarrant a con?u un programme que Mme?Hill pouvait utiliser chez elle à l’aide d’un ordinateur portable et d’électrodes. Le programme consistait à faire voler un avion animé au-dessus d’un certain niveau sur l’écran. Pour y parvenir, elle devait calmer l’activité cérébrale de son lobe frontal, qui comprend le cortex cingulaire antérieur.
Et ?a a fonctionné. Avec le temps, les crises de panique ont cessé, et Mme?Hill a pu recommencer à bien dormir.
L’expérience l’a par la suite incitée à quitter le journalisme pour aller travailler avec un organisme consacré aux anciens combattants. Celui-ci utilisait la réalité virtuelle (RV) et la RA pour permettre aux membres physiquement incapables de voyager de tout de même visiter les monuments aux morts de Washington, D.C. Pendant ces expériences, Mme?Hill remarquait un changement physique chez les anciens combattants.
???a se voyait dans leur corps, explique Mme?Hill. Ils étaient plus calmes, leurs muscles se détendaient, leur respiration semblait se faire plus lente. Comme je ne suis pas une scientifique, j’ai communiqué avec Jeff pour lui demander s’il pouvait étudier l’incidence de ces expériences sur la physiologie des vétérans.??
Ensemble, ils ont commencé à explorer les effets que pouvaient avoir la RV et la RA sur l’humeur et le stress. Ils ont combiné ces nouvelles données avec le programme de neurofeedback que le Dr?Tarrant avait développé des années auparavant pour soulager Mme?Hill de son anxiété. Et c’est ainsi que Healium?AR a vu le jour.
??C’est le même concept de neurofeedback que nous avons intégré à Healium. Nous avons associé les principes du Dr?Tarrant sur le fonctionnement du cerveau à nos trames narratives et à la conception de nos jeux, ajoute Mme?Hill. Mais nous avons éliminé toutes les barrières à l’entrée et fait en sorte que l’app soit conviviale et accessible. Tout ce qu’il faut, c’est une Apple?Watch et votre fréquence cardiaque.??
Plus t?t cette année, Mme?Hill a participé à l’Entrepreneur Camp d’Apple, qui appuie les entreprises de développement d’apps fondées et gérées par des femmes. Sur place, l’équipe s’est attelée à redessiner Healium?AR pour qu’elle puisse rejoindre encore plus d’utilisateurs plus efficacement. La nouvelle version de l’app a été lancée récemment dans l’App?Store.
Sarah?Hill et Jeff?Tarrant soulignent d’emblée que l’app Healium?AR ne remplace pas un traitement médical ni la médication. Au cours des dernières années, le Dr?Tarrant a publié trois?études (et travaille actuellement sur une quatrième) qui visent à démontrer que l’app peut réduire l’anxiété et augmenter la sensation de bien-être des utilisateurs en aussi peu que quatre?minutes.
Ce n’est pas une surprise pour Steve?Mills, qui utilise désormais Healium?AR comme un outil parmi d’autres pour rester en santé, mentalement et physiquement.
??On m’a demandé un jour?: mais comment faites-vous pour vivre avec toutes ces morts? raconte M.?Mills. ?a s’accumule au fil du temps, mais on apprend à le gérer. J’ai plusieurs moyens pour y arriver. Healium?AR en fait partie.??
Pour Sarah?Hill et son équipe, ce témoignage n’a pas de prix.
???a me touche de savoir que l’app a un tel effet, affirme Mme?Hill. Quel cadeau que celui d’offrir un outil à des gens qui ont tout sacrifié pour assurer notre sécurité! C’est un honneur de pouvoir aider nos vétérans.??
Images de Steve?Mills et de Sarah?Hill